Pour souligner la Journée internationale des droits des femmes

Pour souligner la Journée internationale des droits des femmes:

les luttes féministes en santé sexuelle et reproductive

À S.O.S. Grossesse Estrie, nous offrons de l’aide et du soutien aux femmes et aux personnes trans et non-binaires qui vivent une grossesse imprévue, qui ont peur d’être enceintes ou qui vivent une situation difficile pendant la grossesse. Nous pouvons soutenir et accompagner la personne concernée, ainsi que ses proches (partenaire, parent, ami.e, intervenant.e, etc.). Les droits en santé sexuelle et reproductive des femmes sont donc une préoccupation pour nous.

 

Malgré le fait que certain.e.s puissent penser que ces droits existent depuis toujours, ce n’est malheureusement pas le cas. Les femmes qui souhaitent avoir recours à l’avortement rencontrent encore plusieurs embûches : préjugés, manque d’informations, problèmes d’accessibilité, etc. Il en va de même pour d’autres services en santé sexuelle et reproductive, comme la contraception, l’éducation à la sexualité, les suivis par les sages-femmes, etc.

journée droits des femmes

Petit historique des luttes féministes en santé sexuelle et reproductive au Québec

  • Au Canada, c’est dans les années 1960 que l’accès à la contraception est autorisé, alors que la religion perd de son emprise et que les femmes luttent pour l’égalité et la liberté. C’est également à ce moment que l’avortement fût « autorisé ». Hélas, « autorisé » était un bien grand mot : l’avortement n’était plus un crime, mais il n’était pas gratuit ou accessible pour autant! Par exemple, pour y avoir recours, un comité de trois médecins évaluait chaque demande d’accès individuellement, afin de juger si la vie ou la santé de la femme était en danger, et tranchait à savoir si elle pourrait ou non y avoir accès. Aujourd’hui, cette pratique n’existe plus, même s’il arrive parfois de la voir à l’écran.

 

  • Dans les années 1970, de nombreuses femmes ont manifesté à Montréal et Ottawa afin de rendre l’interruption de grossesse plus accessible. Jusqu’alors, les avortements pouvaient avoir lieu seulement dans certains hôpitaux. Suite aux revendications de ces femmes, les avortements ont été autorisés en clinique et les médecins qui procédaient dans ces milieux ont eu le champ libre : adieu les procès judiciaires!

 

  • Grâce aux luttes des militant.e.s et leurs allié.e.s, l’interruption de grossesse est considérée comme n’importe quel autre acte médical depuis les années 1980. C’est aussi dans cette décennie que les cours d’éducation à la sexualité ont été rendus accessibles dans les écoles via les cours de Formation personnelle et sociale. Ces avancées sociales, soit l’accès aux méthodes contraceptives, à l’avortement et à l’éducation à la sexualité, ont grandement contribué à réduire les inégalités entre les genres au Québec.

Qu’en est-il aujourd’hui?

Heureusement, les droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive se sont améliorés au fil du temps, mais il reste tout de même du pain sur la planche. Entre autres, il apparaît nécessaire de poursuivre la lutte pour le droit et l’accès à l’avortement. Notamment parce qu’il existe encore une vingtaine de centres d’aide à la grossesse anti-choix au Québec qui visent sournoisement à dissuader les femmes d’avoir recours à l’interruption de grossesse en misant sur la peur. Pas plus tard que l’automne dernier, nous avons reçu la visite d’un groupe anti-choix à Sherbrooke qui a manifesté pendant plus d’un mois près de la Clinique de Planning. En réponse à cette manifestation, une action pour le libre choix a été organisée par des citoyen.ne.s au cœur de la ville. Les actions en faveur du libre choix continuent d’être nécessaires : aucune lutte féministe n’est acquise. L’existence de groupes anti-choix peut paraître étonnante, mais elle démontre l’importance de rester aux aguets et de continuellement réitérer nos droits, comme ce fût le cas cet automne.

En date d’aujourd’hui, l’accessibilité est un enjeu qui continue d’être préoccupant, peu importe le choix des femmes qui se retrouvent face à une grossesse imprévue (garde, avortement ou adoption). Il n’est pas rare que les femmes se retrouvent face à des portes fermées, qu’il s’agisse de l’accessibilité à l’éducation à la sexualité et à de l’information fiable, à la contraception, à l’avortement, ou aux suivis de grossesse par une sage-femme. Au Québec, depuis 2018, nous avons la chance que l’éducation à la sexualité ait été rendue obligatoire dans toutes les écoles, et ce dès le primaire, ce qui donne espoir pour le futur. Nous avons également la chance de retrouver près de la moitié des cliniques d’avortement du Canada dans notre province. Nous avons donc un accès privilégié à ce service en comparaison aux autres provinces et territoires. Toutefois, beaucoup de femmes vivant loin des grands centres doivent encore faire plusieurs heures de route pour y avoir recours. En 2022, il apparaît dépassé de ne pas avoir accès à des services en santé sexuelle à proximité. Enfin, à notre organisme, nous remarquons une hausse considérable des demandes d’aide en lien avec la ligature des trompes. Trop souvent, nous devons annoncer le parcours de combattantes qu’est l’accès à la ligature des trompes: aux dernières nouvelles, il fallait attendre au moins deux ans après avoir trouvé des professionnel.le.s de la santé respectueux.ses du droit des femmes qui acceptaient de faire les références nécessaires.

Nos souhaits pour le futur

À S.O.S. Grossesse Estrie, nous croyons à l’importance du libre choix des femmes à décider si et quand elles veulent des enfants. Nous croyons également en l’importance de reconnaitre davantage l’expertise des sages-femmes, afin que les femmes qui optent pour la garde puissent décider librement du type de suivi qu’elles souhaitent entamer. Le fait que ces choix en santé sexuelle et reproductive puissent être influencés par des limites structurelles est aberrant. Pour le futur, nous souhaitons que les droits des femmes soient davantage respectés.

En cette Journée internationale des droits des femmes, nous disons oui à une meilleure accessibilité des soins de santé sexuelle et reproductive, entre autres pour l’accès gratuit à la contraception (notamment la ligature des trompes), à l’avortement, aux cours d’éducation à la sexualité saine et épanouissante et aux suivis de grossesse respectueux de leurs choix. L’égalité entre les personnes passe aussi par le droit de disposer de son corps comme on le souhaite, et cela ne peut se faire sans accéder à de l’information fiable et véridique en matière de sexualité.

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter

Image: Collectif 8 mars. Molotov communications. Illustration : Stacy Bellanger Bien-Aimé.